Pendant 13 ans Flanelle a vécu discrètement dans mon environnement, toujours un peu à l'écart des gens et des autres chats.
Nous l'avions capturée au mois de novembre 2000 dans le parc d'une maison de retraite de Saint-Vrain. Comme les autres chats de ce site, elle aurait du y retourner après avoir été stérilisée et tatouée mais voilà, Flanelle souffrait d'une importante gale auriculaire et de diarrhée qui s'est révélée chronique.
A cette époque le vétérinaire avait estimée qu'elle avait cinq ans, ce n'était qu'une estimation, ce qui est certain c'est qu'elle était largement adulte.
Il n'aura pas fallu moins de deux mois pour traiter la gale et croire que nous avions réussi à rétablir des fonctions intestinales correctes. La relâcher sur son lieu de capture ... en plein hiver, alors qu'elle se blottissait près du radiateur sans rien demander d'autre, toujours sur ses gardes mais sans aucune agressivité ? Comme souvent, je n'ai pas eu le coeur de la remettre dehors car, c'était certain, elle n'aurait pour tout abri qu'une des deux niches garnies de paille, que nous avions eu l'autorisation de disposer dans le parc. Nous avions bien repéré une petite construction qui contenait du matériel réformé. Débarrassée et équipée d'une chatière, cette solide construction aurait pu devenir une confortable maison des chats.
Ni la Direction de l'établissement, ni la Ville de Paris, propriétaire des lieux n'a donné son autorisation. Que les chats restent à crever de froid dehors !
Il ne s'est rien passé d'extraordinaire dans la vie de Flanelle à part des épisodes de problèmes intestinaux. Récemment j'ai vu qu'elle n'était pas bien, elle se déplaçait avec difficulté. Hospitalisée une première fois pendant deux jours elle a reçu des anti-inflammatoires car, c'était probable étant donné son âge, Flanelle devait souffrir d'arthrose. Une fois revenue chez moi j'ai constaté qu'elle ne s'alimentait pas, quelle que soit la nourriture proposée. Si le vétérinaire qui l'avait stérilisée avait bien évalué son âge, elle aurait maintenant dix huit ans... un âge que tous les chats n'atteignent pas.
J'ai repris avec elle le chemin de la clinique vétérinaire. Les examens ont révélé un taux d'urée trop élevé... rien de surprenant mais aussi un important foyer infectieux et une difficulté respiratoire. Les bons soins qu'elle a reçus pendant plusieurs jours ont porté leurs fruits : elle a recommencé à s'alimenter, toujours discrètement, quand personne n'était là pour la regarder. Son taux d'urée a baissé.
Avant de quitter la clinique samedi après-midi elle a encore reçu une perfusion additionnée d'un cocktail de vitamines, de quoi aller mieux, de quoi faire encore un bout de chemin.
Mais... samedi soir elle n'a rien voulu manger. Dimanche matin je l'ai trouvée faible, si faible qu'elle n'a pas protesté quand je lui ai fait avaler ses médicaments. Inquiète, je suis restée près d'elle. Je voulais me persuader que les quelques gouttes de Célestène que je lui avait fait avaler allaient l'aider à retrouver un peu d'appétit. Mais non, au lieu de cela j'ai vu sa respiration s'accélérer, ses pattes arrières se sont tendues et elle est morte sous mes caresses.
La question que se posait Colette Mazoyhié m'est venue à l'esprit : mais où va l'âme des chats ?