Fin avril je vous ai raconté comment j'avais réussi à capturer Moumoute qui avait un sérieux problème de santé. Je vous ai ensuite annoncé la bonne nouvelle : la tumeur que notre vétérinaire avait enlevée de son dos n'était pas le fibrosarcome que je redoutais.
19 mai - Le temps a fait son oeuvre. Après trois semaines la cicatrisation a été satisfaisante, les corticoïdes ont réglé le problème de l'allergie aux puces, du moins momentanément, et le poil commence à repousser.
La convalescente mange bien et rouspète toujours autant quand on approche de sa cage. Gare aux coups de patte quand on veut manipuler sa gamelle et son bac à litière.
Depuis quelques jours je m'interroge : Moumoute a treize ans, le problème de peau risque de se réveiller... treize ans c'est aussi l'âge où l'insuffisance rénale peut apparaître. En bref je ne sais pas comment me comporter : dois-je remettre cette chatte sur le territoire qu'elle connaît, où elle a vécu pendant douze ans ou la garder - au point où j'en suis, une chatte de plus ou de moins fait peu de différence - ?
19 mai : Flanelle est morte... Si je garde Moumoute j'aurai toujours le même nombre de chats...
Après avoir bien réfléchi, le lendemain je décide de tenter l'expérience : ouvrir sa cage et voir comment elle se comporte avec les autres chats. Surprise ! A peine est-elle sortie qu'elle fonce directement dans l'aire de jeux des chats par la chatière qu'elle n'a jamais vue ! Non jamais vue, la cage dans laquelle elle était depuis trois semaines ne lui permettant pas de voir la chatière mais d'entendre son mouvement. Pas folle Moumoute !
C'est maintenant dans l'enclos que je vais aller voir ce qu'elle fait de cette semi liberté. Il se passe environ une minute avant que j'y arrive... et là... pas de Moumoute en vue. Je n'en crois pas mes yeux. J'ai beau chercher partout, sous les palettes/terrasse en bois, dans les niches dans lesquelles les chats peuvent goûter une parfaite tranquillité, dans le moindre recoin, Moumoute n'est nulle part.
Je dois me rendre à l'évidence, elle a réussi à faire ce que seulement deux ou trois chats savent faire : escalader les grilles avec retour de l'enclos. Maintenant c'est dans le jardin que je la cherche et je ne la trouve pas.
Me voilà avec la certitude d'avoir fait une bêtise. Si je l'avais reconduite sur le site du Centre Médical de Bligny elle ne serait pas, comme maintenant, lâchée dans un lieu inconnu. Je l'imagine partant droit devant elle, affolée, ne sachant où se diriger. Je dors mal...
Et puis le lendemain, je la découvre au fond du jardin, tranquillement couchée sous les groseilliers. Elle me répond quand je lui parle, elle vient même se frotter sur mes jambes et accepte sans rechigner de me suivre jusqu'à la chatterie. Quand j'écris "me suivre" pour être honnête je devrais écrire, suivre la gamelle que je tiens à la main. Va-t-elle accepter d'entrer dans la chatterie ? dans la maison ? Non, elle ne veut entrer nulle part. Elle se couche sur la terrasse comme n'importe quel chat habitué à la maison et à ses abords.
Je décide de disposer deux trappes de capture sur la terrasse et je prends successivement Berlingot, Haddock, Datcha. La nuit est tombée depuis longtemps quand Moumoute se décide enfin à entrer dans une trappe ! Ne croyez pas qu'elle soit anxieuse d'en sortir, non elle se met tranquillement à manger la gamelle appât. Je n'ai pas d'autre choix que de la remettre en cage.
La décision la plus sage s'impose, Moumoute retournera à Bligny. Pour ce retour je choisis un dimanche quand tout est tranquille, un dimanche ensoleillé : le dimanche 2 juin.
J'ai pris soin d'apporter une bonne gamelle qui lui sera offerte pour fêter son retour "chez elle" ! Quand nous arrivons dans le secteur où je l'ai capturée un mois plus tôt, je ne suis pas certaine d'avoir pris la bonne décision pourtant j'ouvre la cage de transport et je m'assure que la chatte voit bien la gamelle que je viens de déposer. Elle s'y intéresse à peine et comme je tourne les talons, je m'aperçois qu'elle me suit. Elle me suit jusqu'à ma voiture et se frotte sur mes jambes et me mord les pieds. Je retourne sur mes pas pour la ramener vers la bonne nourriture qui sent bien bon. Comme elle plonge son nez dans l'assiette je m'enfuis avec l'horrible sensation d'abandonner ma chatte.
Ridicule me direz-vous, ridicule de n'avoir pas pu m'empêcher de pleurer. Oui.
Bien entendu j'ai prévenu toute l'équipe des nourrisseurs pour leur signaler le retour de Moumoute sur son territoire ; je leur ai demandé d'y être particulièrement attentifs. Si je l'ai capturée une fois je pourrais peut-être la reprendre en cas de besoin.
Depuis trente ans je m'occupe de chats laissés pour compte et je n'ai toujours pas compris comment certains peuvent laisser leur animal, devenu encombrant, sur le bord de la route.