Publié le 31 Octobre 2013
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Oui, vous avez déjà lu ça quelque part ! Je vous rassure, je ne me prends pas pour Martin Luther King !
I have a dream (« Je fais un rêve ») est à la fois le nom du discours le plus célèbre de Martin Luther King et le point d'orgue du Mouvement des droits civiques. Ce discours, prononcé le 28 août 1963, devant le Lincoln Memorial, à Washington, D.C., est généralement considéré comme l'un des plus grands et des plus marquants du XXe siècle. Le député américain John Lewis évoquait ainsi ce discours : « En parlant comme il l'a fait, il a éduqué, il a inspiré, il a guidé non pas simplement les gens qui étaient là, mais les gens partout en Amérique ainsi que les générations à venir »
Cinquante ans plus tard, je n'ai pas l'intention de vous assommer avec un discours mais vous raconter un rêve bien étrange que j'ai fait la nuit dernière. Cette narration ne fera pas date, mais on ne sait jamais, si je raconte ce rêve, il pourrait lui aussi inspirer, guider ceux qui donnent les orientations au C.H. de Bligny : qui doit être protégé, qui doit vivre ou mourir, qui doit être nourri, qui doit crever de froid l'hiver dans la neige ...
Alors voilà, j'ai rêvé que le Conseil d'Administration de "notre" hôpital se réunissait, le Président prenait la parole :
- Mes chers amis, je viens d'apprendre que depuis vingt trois ans des personnes se sont mobilisées pour nous éviter les problèmes que connaissent bien des établissements de santé, je veux parler de la prolifération des chats !
- Ah oui et combien nous a coûté cette "mobilisation" ?
L'Administrateur qui avait pris la parole avait le sourcil froncé, le visage écarlate, c'était le Trésorier.
- Mais rien justement, et c'est bien cela le plus étonnant. Ces gens ont travaillé gratuitement !
La Secrétaire générale, qui avait l'air d'en savoir un peu plus que les autres participants, ajoutait
- Ils ont capturé les chats pour les faire stériliser et tatouer et s'assurer de leur bon état de santé. Il semble aussi qu'ils les nourrissent, et pas avec des vieux restes, mais avec des aliments de qualité.
Le trésorier, le visage toujours aussi rouge reprenait :
- Et avec quel argent ont-ils payé les vétérinaires, acheté les aliments ?
Une charmante Dame a alors suggéré que ces gens devaient faire partie d'une association dont les adhérents et donateurs étaient sans aucun doute les membres du personnel. La Secrétaire générale, mieux renseignée qu'il n'y paraissait, ajoutait encore, presque gênée par l'énormité de son propos :
- Je sais que cela va vous surprendre mais, à ma connaissance, seuls deux membres du personnel sont Adhérents de cette Association qui, je le précise, a été créée spécialement pour les chats de notre établissement.
Une voix s'éleva :
- Ces bestioles, je veux parler des chats, ne sont pas les bienvenus. Ils sont sales et sans intérêt ! Qu'on les élimine !
Le Président avait écouté silencieusement cet échange. Il reprit la parole :
- Sans les chats, nous aurons les rats et les souris, est-ce préférable ? De plus, je vous rappelle que la présence des chats n'a pas empêché notre Centre Hospitalier de recevoir tous les labels de qualité, Agence Nationale d'Accréditation et d' Evaluation en Santé en 2002, accréditation V2 de la Haute Autorité de Santé en 2006 ! Et cela peut-être grâce à la présence des chats dans nos sous-sols et vides sanitaires qui en ont chassé la vermine.
C'est bizarre les rêves, on ne sait trop comment ils naissent, où suis-je allée chercher de pareilles affirmations de la part du Président ? Je reviens à mon rêve ...Les quatre professeurs en médecine, Bertrand, Pascal, Jacques et Alain se manifestèrent tous en même temps pour dire à peu près la même chose :
- Il est prouvé que nos patients retirent un réel bénéfice de la présence des chats, ils les aident à supporter leur hospitalisation, à évacuer leur stress. A l'époque où la ferme installée dans l'enceinte du sanatorium participait à fournir les animaux, volailles et cochons, aux cuisines, les patients s'activaient autour des bêtes qui les sortaient de l'ennui et parfois même du désespoir.
Visiblement le Président accueillait l'avis des Professeurs avec beaucoup d'intérêt. Il ajoutait, indiquant ainsi qu'il connaissait bien l'histoire du Centre :
- De tout temps la faune qui vivait et qui vit encore dans l'enceinte du parc a été protégée. Les chats ne devraient-ils pas être protégés aussi ?
La voix revêche qui s'était déjà élevée contre la présence des chats se fit à nouveau entendre :
- En quoi des chats qui rampent comme de la vermine dans les sous-sols peuvent-ils apporter un quelconque réconfort aux patients ?
Le Président, qui avait l'art de mener habilement la réunion, lança :
- C'est bien là le coeur du problème dont je souhaite vous entretenir aujourd'hui. Pour une raison obscure, notre Directeur qui vient de quitter ses fonctions, a commencé, il y a trois ans à interdire l'accès des sous-sols aux chats de l'établissement. Je vous l'ai dit précédemment, je viens de recevoir ces informations. Il apparaît qu'à l'approche de l'hiver les chats n'ont plus aucun abri, les derniers soupiraux qui rendaient encore accessibles certains sous-sols ont été grillagés. Des chats ont bien failli y mourir ...
Silence ... Eh non, je ne me suis pas réveillée à ce moment là. Le Président parcourut du regard son auditoire attentif et reprit :
- Finalement ce n'est pas une si mauvaise chose que nous ayons maintenant l'opportunité de donner aux chats un habitat plus en rapport avec leur statut d'animaux domestiques. Vous ne l'ignorez pas, mes ancêtres Banquiers furent parmi les bienfaiteurs de Bligny. En cent ans, Bligny est resté fidèle à l'éthique de ses fondateurs ce qui en fait une structure à visage humain.
Il reprit son souffle, juste pour asséner :
- Et dans une structure à visage humain on ne prive pas les patients du lien précieux qu'ils tissent avec les chats, ces animaux qui méritent notre respect et notre protection !
Je me demande comment je n'ai pas fait pipi de plaisir à ce moment de mon rêve ...
Joignant le geste à la parole, le Président brandit une photo...
- Voici le modèle d'habitat que je souhaite voir dans le parc de Bligny, pour y abriter les chats ! Vous serez d'accord avec moi, ce chalet évoque les kiosques autrefois mis à disposition des familles des patients pour y prendre des repas à l'abri des intempéries. Ils s'intégreront parfaitement dans notre environnement.
Le trésorier qui était rouge jusqu'à présent vira au blanc, son élocution devint incertaine :
- Nous venons d'investir dans la rénovation de quelques toitures, tous les escaliers en métal sont mis en peinture ces jours ci...Où allons nous trouver l'argent pour un tel achat ? Et d'ailleurs combien coûte cet abri ?
- Trois mille six cent euros !
Je crois que dans mon rêve le Président souriait en pensant à ce qu'il allait ajouter :
- Vous avez raison de penser à la sauvegarde de nos deniers. Nous sommes treize, je vous propose que nous financions nous-mêmes ce premier achat, deux cent soixante dix sept euros chacun, ce n'est pas la mer à boire. Le plus simple serait que nous donnions à l'Association qui s'occupe si bien des chats, les moyens de faire cet achat.
Le Vice-président qui n'avait encore rien dit, lança, en sortant son chéquier :
- J'établis mon chèque au nom de cette Association qui me délivrera un reçu fiscal. Ainsi mon geste généreux ne me coûtera que quatre vingt quatre euros... Allons, j'arrondis mon chèque à trois cents euros ! Je vous engage à faire comme moi.
Incroyable, n'est-ce pas, ce rêve ! Un trésorier reste un homme d'argent et celui-ci n'est pas dépourvu de vivacité d'esprit :
- Fort bien, voilà adopté le principe de chats traités comme des coqs en pâte, luxueusement logés mais si cette association vient à manquer d'adhérents et par conséquent d'argent pour financer les frais vétérinaires et leurs achats d'aliments, allons-nous encore être mis à contribution ?
A ce moment ... non je ne m'éveillai pas encore, je ne pouvais que rêver car j'entendis le Président déclarer :
- J'y ai pensé. Autrefois il y avait, dans les services, des panneaux indiquant qu'il était interdit de nourrir les chats. Nous allons replacer des panneaux avec l'inscription suivante :
"Avis au personnel :
L'adhésion à l'Association
"Les Amis des Chats de Bligny" est OBLIGATOIRE".
Sous le choc, je m'éveillai enfin ! Quel rêve mes amis ! Comme j'aurais aimé que ce ne soit pas seulement un rêve ! Pour reprendre pied avec la réalité je regardai la photo prise la veille à Bligny, tout près de l'entrée...une photo de notre Moumoute opérée au printemps dernier d'une vilaine grosseur qui pouvait faire craindre un fibrosarcome...
Que la réalité est triste, aussi triste que ce jour de pluie.